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Normalité et anormalité : l'impossible frontière

"L'objectivité est subjective"...

...disait Woody Allen dans "Guerre et amour". C'est qu'il a raison ce jeune juif new-yorkais ! Il a de l'avenir.

Et qu'est-ce qui est plus subjectif et qui, en même temps, se réclame de la plus grande objectivité ? Une réponse ? Oui Monsieur, le concept de "norme", tout à fait !

J'en suis venu sur ce sujet parce que... quoi ? non, M'sieur, y'avait rien gagner, c'était une question de rhétorique pure... Voilà. Je disais donc, ce sujet m'est monté au cervelet une fois de plus à la suite de réactions recueillies autour de ce bloug. En vrac, j'ai eu des retours de la part de mon entourage (et encore, ma famille ne l'a pas lu !) qui manifestait une inquiétude croissante quant à mon état de santé mentale (dont, par ailleurs, je n'ai jamais caché les oscillations extrêmes). Cette part du lectorat, bien que l'ayant fait avec discrétion, n'a pas manqué de me signaler ces doutes... enrobant la chose avec une flagornerie légitime sur la qualité de ma plume *hum hum... oui, je me fais plaisir sur ce coup*. Mais le message est passé. Non seulement ce bloug n'est pas inutile (voir article concerné, flemme de mettre un lien), mais il sert surtout à inquiéter mes proches... C'était pas le but. Ou l'était-ce, si on prend en considération la théorie du bénéfice secondaire décrit par la Programmation neuro-Linguistique (PNL) qui consiste à émettre du négatif pour, en réalité, récolter du positif ? Ce qui pourrait se résumer par :

- bouhouuu, je suis à chier !

- mais non mais non, t'es bourré de qualités (*tap tap tap*)

Je suis un vilain manipulateur inconsciemment, mais on fait tous ça je pense. Hein...? Dites-moi qu'on le fait tous, déconnez pas !

Et en plus je m'éloigne du sujet. Donc, postulat number one : mes articles provoquent l'inquiétude. OK.

Deuxième type de feedback : la reconnaissance. Enfin, pas de la reconnaissance envers moi, hein, j'ai des limites à mes prétentions ! Non, je parle du fait qu'on se soit reconnu à travers mes mots, ce que je trouve flatteur soit dit en passant. En gros, certains de mes textes ont provoqué un écho chez des lecteurs qui m'ont signalé que "P'tain t'as raison, c'est exactement ce que je ressens aussi", ou "oui, j'ai déjà vécu ça", ou encore "ça me rassure, je croyais être le/la seule comme ça !". Ca m'a rappelé la fois où j'avais écrit sur un forum que mon mal-être était incompatible avec la proximité d'une arme à feu (on se frittait sur le deuxième amendement de la constitution américaine... bref...), message qui a eu pour conséquence une demi-douzaine de MP provenant de borderlines me remerciant d'avoir mis en mot ce qu'ils ressentaient. J'étais à la fois ravi et un peu contrarié d'avoir fédéré une bande de suicidaires potentiels avec un simple avis personnel. Ben voilà, bis repetita, comme disaient les latins bègues.

Ce qui est étonnant, c'est que parfois, les deux réactions proviennent de la même personne !

Conclusion, on s'interroge sur le fait que je puisse paraître "anormal" (j'emploie le terme de manière exagérée, mais c'est pour bien cibler le thème) et en même temps, on me montre queje ne suis pas le seul dans cet état. Du coup, la question se pose : je suis "anormal" par rapport à quoi puisque plusieurs personnes s'identifient aux problèmes que j'expose ? Où se situe la "norme" dans ce cas là ? Et qui la décrète ? Bref, vous avez compris le paradoxe de la normalité, je vais pas m'étaler dessus pendant des plombes, ceux qui veulent des détails peuvent venir en consultations gratuites et privées de 17h à 19h tous les mardi (sans "s", les jours de la semaine étant invariables il me semble... enfin, c'est la norme grammaticale en tout cas... héhéhé).

Pour résumer, concernant la norme, où commence-t-elle et où finit-elle ? Chacun abordera la question avec ses propres convictions et ses propres points de vue. Mais j'avoue avoir du mal à accepter les phrases du genre "T'es pas normal", et encore moins les crétins qui disent haut et fort "moi je suis un fou !" Ce sont généralement ceux-là les plus ancrés dans la "standardisation"... Je ne peux m'empêcher de placer ici le petit délire parfaitement sensé que mon ami Rémi (gloire à toi, tu es irremplaçable !) faisait à la fac pour illustrer le propos de la norme et de la folie : "Je ne suis pas fou, seuls les fous font des raisonnements pour prouver qu'ils ne sont pas fous, or je ne fais aucun raisonnement, donc je ne suis pas fou..." A méditer.

Avant d'en finir, j'ai envie de pousser le bouchon un peu plus loin dans la direction d'origine de ce bloug. Certes, il est rassurant de voir qu'on n'est pas tout seul à se tricoter des prises de têtes existentielles monumentales sur la vie, l'amour, les vaches... Mais il y a une conséquence à cela : JE NE SUIS PLUS DIFFERENT ! JE SUIS COMME TOUT LE MONDE !

Et merde, un mythe qui s'effondre... Bon, en même temps, j'étais le seul à y croire. J'espère juste garder un petit quelque chose qui, à un moment ou un autre, me différencie de la masse. Je ne veux pas faire partie de the Unthinking Majority (Serj Tankian) mais de the Thinking Minority (pas Serj Tankian, mais c'est un contrepoint inévitable, nécessaire, salutaire... comme l'égoïsme dont on a tous besoin, au moins le minimum syndical). L'idée d'être comme tout le monde est le pire des affronts pour un misanthrope... Le plus simple serait de ne plus être misanthrope et de cultiver mes différences quand elles apparaissent. Tiens, je vais essayer ça...

Pffff... j'ai du boulot, là !

Ou alors, être différent, mais en bien... comme j'avais l'impression d'être... avant. Et ça revient, doucement, mais ça revient. C'est bon signe.

Conclusion : ben en fait, la conclusion, c'était le titre. Normalité et anormalité, la frontière est impossible à déterminer.

...en plus, j'ai pas mon passeport sur moi.



19/11/2008
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