Les Normales Marronnières
Tous
les ans c'est pareil...
...et ce,
depuis que le regretté Alain Gillot-Pétré dessinait des petits soleils et des
petits nuages sur un tableau Velleda. Que ce soit aux premiers froids ou aux
premiers bourgeons, c'est inévitable : le thermomètre est forcément au-dessus,
ou en dessous, de ces mystérieuses "normales saisonnières"...
Mais
c'est quoi ces "normales" ? Que ce soit un nombre précis ou une
moyenne, depuis le temps qu'on tape à côté de la plaque, c'est à se demander si
ces "normales" existent. Ou alors... le monde, depuis des années,
évolue dans l'anormalité thermométrique, et franchement, je trouve qu'on vit
très bien avec.
Postulat
inhérent : si l'anormalité se répète inlassablement depuis des décennies,
n'est-elle pas devenue la norme ?
La
question se pose alors en ces termes : quid du jour où la potiche météo nous
annoncera avec effroi, des vibratos d'angoisse dans la voix, que demain, dans
le Cotentin Méridionnal ou dans les Alpes Charentaises (département confortable
où l'on prend son pied), les températures seront - oh mon Dieu, j'ose à peine
le dire ! - pile poil dans LA Normale Saisonnière ?
Et
encore, je vous passe les nuances du type « 33° à l’ombre », « 12° sans tenir compte du facteur vent », « le temps mitigé » qui veut tout dire en ne disant rien… J’attends avec
impatience les micro-nuances du style « il faudra compter 2° de moins si
vous descendez vers la rivière » ou « si le bistrot n’est pas
climatisé, prenez un demi bien frais avant de sortir »…
Mais pour
être honnête, ce qui m’agace en réalité, ce n’est pas le présentateur météo qui
gagne son pain en répétant bêtement ce que la station de MeteoFrance lui a
communiqué… Ce n’est pas non plus ladite station qui, en dehors de ces
prévisions poussives et dispensables (un bon coup d’œil par la fenêtre nous renseigne
aussi bien…), travaille également dur sur le prochain film catastrophe de
Roland Emerich (« le jour d’après » ou « 2012 » pour les
bobos qui méprisent le cinéma populaire…*). Non, en réalité, ce qui me crispe
le système nerveux, c’est la complaisance d’une catégorie de la population qui
prend ces informations très au sérieux et s’en inquiètent bien plus que du
classique massacre ethnique ici, ou de la catastrophe écologique, là…
C’est
vrai, c’est important de savoir s’il pleuvra demain, parce que s’il fait trop
chaud, le sang des victimes de l’attentat de ce matin va sécher et ça va faire
des traces sur le trottoir… Si au moins ça n’alimentait pas des conversations
stériles, fourmillant de lieux communs sur le climat qui se détraque et sur la
nostalgie des temps anciens…
Un mot à
ce sujet : dire que le temps se détraque et que c’était mieux « avant »,
ça me fait comme une sorte de fussoire, assez douloureuse car mal placée :
rien n’est plus vain comme remarque, rien n’est plus faux également, puisque
les même marronniers météorologiques nous rappellent systématiquement que « des
températures pareilles, ça n’était plus arrivé depuis 1954, 1930, 1897… **»
Donc c’est arrivé ? Et on a survécu ? Et on vit même plus longtemps
que ce fameux « avant »… Donc, s’il vous plaît, les chantres de l’oscillation
de mercure, si vous pouviez laisser en hibernation vos réflexions insensées
jusqu’à, disons, votre mort, ce serait reposant. Merci.
Voilà,
sinon, mission réussie : retour sur le bloug effectué, avec un sujet sur
la pluie et le beau temps, indispensable dans un lieu où l’inutile règne en maître…
* …bien
qu’Emerich mérite amplement ces critiques… Oui, je me mets aux astérisques, ça
allège le texte et ça me rappelle des trucs stupides qu’on faisait au lycée et
qui nous faisaient marrer.
** je
ne peux pas toutes les mettre, il y en a 100 par siècle, et comme je disais, j’essaye
d’alléger le texte…
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