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Petit vague à l'âme

Il est des puits profonds qui ne retiennent du ciel qu'un sombre reflet, sur une eau noire, stagnante et malodorante. Parfois, il me semble n'être pas capable de voir autre chose depuis le fond du trou dans lequel je m'installe de temps en temps lorsque la vie me pèse. Il y fait froid. J'ai beau regarder en l'air, la nuit reste omniprésente, opaque et lourde, et le scintillement des étoiles est terne à côté de la triste lumière qui emplit ces yeux humides à l'heure du départ.

 

Il est des océans éternels qui viennent nous espionner sur les plages, dans les ports, au pied des phares, et qui entraînent au large ce qu'ils ont vu de nous pour en conserver à jamais l'image gravée sous l'écume, photographies salées volées par les vagues. Je me prends parfois à regarder ces étendues infiniment renouvelées auxquelles toute vie est liée. Cela me donne le vertige, comme lorsque je pense, en regardant la Lune, que si quelqu'un la regarde en même temps, à 5000 km de là, c'est comme si nous étions côte à côte.

 

Il est des forêts humides dans lesquelles mes pas solitaires ont laissé leur empreinte. La lumière du soleil filtrant sous les frondaisons ne m'y a jamais réchauffé ni séché. Les multiples sons de la solitude sylvestre - un rongeur fuyant mon approche, ou encore un invisible filet d'eau coulant sous un tapis de feuilles mortes - sont les meilleurs amis de l'introspection, et les meilleurs catalyseurs de l'auto-critique. Ces forêts perdues sont détentrices de nombre de mes secrets.

 

Il est des lieux magiques, couverts de bruyère empourprant les collines, où le soleil et les lacs s'accouplent lentement autour de hautes forêts et de vieilles pierres pour engendrer des atmosphères fantastiques. Les disparus y sont toujours présents, et un passé incertain semble vouloir y lier mon âme. La simple évocation de ses décors d'herbes grasses plus vertes que nulle part au monde suffit à enivrer mes songes, à faire voyager mes désirs contre les vents du nord afin d'y puiser les plus fortes émotions.

 

Et il est tant d'hommes qui gâchent tout... Si seulement je n'en faisais pas partie !



23/04/2009
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