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Normalité 3 : Copies, cons, formes...

Besoin d'écrire pour m'occuper...

...aussi bien les mains que la tête. J'ai besoin de créer une dynamique avant de me laisser entraîner par l'apathie. Je suis actuellement sous l'effet d'un coup de barre monumental qui me permet de déployer à peu près autant d'énergie qu'une tarte aux quetches oubliée dans le frigo débranché d'une cantine scolaire en grève. Je prends donc les choses en mains.

Par contre, je vais faire dans la facilité, vous m'excuserez (ou pas, à la limite, c'est pas bien grave). Et je vais me lancer à nouveau en roue libre dans ce sujet que mon ami Frunobulax (Grâce te soit rendue) a illuminé d'un éclairage nouveau autour d'une salade de cactus. Après la psychologie de comptoir, voici donc la philosophie de TexMex. Je précise à toutes fins inutiles que je ne me base que sur un concept que nous avons alors évoqué superficiellement et que je ne vais le développer ici qu'avec mes petits neurones que je sens déjà, rien qu'à cette perspective, aussi gais et enthousiastes qu'un troupeau d'amibes devant une sonate de Ligeti un soir d'hiver pluvieux. Cela dit, je compte bien par la suite, et rien que pour moi, approfondir le sujet avec la littérature adéquate. Je me refuse à le faire avant car cet article ne deviendrait pour lors qu'une fiche de lecture impersonnelle, et en gros égoïste que je suis, ce qui m'intéresse ce n'est pas de vous instruire mais de stimuler mes troupes cérébrales.

Let's go ! Désinhibé par sa margharita, l'ami burritophage s'est laissé aller à dire du bien de mon article sur les pro-ana (un compliment qualitatif de sa part étant aussi courant qu'un parapluie dans les rues de Nairobi, j'ai apprécié modestement pour une fois). Mais le fourbe a ouvert un judas (on ne se refait pas) me permettant d'entrevoir la portée nettement plus profonde du sujet de la normalité. Non content de cela, il me balance même en guise d'hameçon appétissant le titre d'un ouvrage récent de René Girard : "Anorexie et désir mimétique". Trois mots et demi qui m'ont suffis : si même un académicien planche sur les sujets à deux balles que je tartine ici, c'est que je ne tape peut-être pas complètement à côté de la plaque...

Mais bon, nom d'un chou-fleur divin, ça ne s'arrêtera donc jamais ce sujet ? Il va finir par me pousser vraiment loin de mes inutiles aspirations bloguesques originelles ! En même temps, il est tellement présent au quotidien qu'il est difficile de passer outre. Cette fois-ci, j'avoue avoir été aidé pour mettre le doigt sur le bon bouton du GPS. En fait, ce sujet de la normalité est vraiment passionnant. L'impression que j'ai peut s'apparenter, en découvrant jour après jour ses effets, ses causes, ses mécanismes, à l'étrange frisson que ressent un homme lorsqu'il effeuille lentement le fruit de sa passion (une femme, un artichaut, l'Equipe...) sans vraiment savoir avec précision comment sera le trésor recherché (le corps, le coeur, les résultats de Ligue 1...).

Dans l'épisode précédent, j'en étais au point où je m'interrogeais sur les motivations quasi suicidaires de jeunes femmes et de jeunes hommes à se déformer physiquement et psychologiquement afin de ressembler au plus près à ce qui est défini comme étant la norme par une sorte d'inconscient collectif... et de conscience marketing. Le désir mimétique serait donc (l'emploi du conditionnel est fait à dessein puisque je ne l'ai pas encore lu) un point de départ, ou du moins l'une des articulations primordiales de ce mécanisme ? L'envie impulsive d'être à la fois mieux que les autres et à la fois identifiable à un modèle difficile à égaler (car souvent faussé, n'oublions pas) serait-elle responsable de cette torsion de ce qu'on croit être "normal" ?

Prenons les choses dans l'ordre. Pour faire un bon mimétisme, il faut donc :

- un modèle (qui crée un désir chez...)

- un sujet manquant d'assurance (dans le but de créer l'illusion chez...)

- un spectateur... enfin, je sais pas comment le désigner... bref, celui qui validera la ressemblance en tombant dans le panneau comme un con. C'est un peu comme les insectes, le phasme par exemple, qui manque d'assurance (peur de se faire boulotter) et qui prend pour modèle les branches les plus filiformes afin de tromper ses prédateurs (en même temps, qui voudrait bouffer ces machins là ? bheuuuu...!). Le parallèle avec la maigreur du phasme est évidemment volontaire...

Seulement voilà, à mon sens le phasme est moins con que la pro-ana : en effet, lui au moins SAIT qu'il n'est pas une branche ! Dans le cas qui nous intéresse, le sujet qui modifie son corps pour tromper autrui est lui-même dupé et a une vision totalement déformée de lui-même ! Quelle ironie... L'arroseur arrosé... "Burned by the fire we make" comme le chante Adrian Belew.

Qu'est-ce qu'il en résulte objectivement ? A priori (puisque c'est le constat provisoire établi par l'ami Fruno en quittant le restaurant mexicain), on peut le résumer par "elles se ressemblent toutes". En effet, elles se ressemblent toutes (du moins dans la tranche d'âge ciblée, celle qui est la plus susceptible d'être touchée par le dictat de la beauté post-pubère), mais à bien y regarder, aucune ne ressemble vraiment aux modèles étalés en 4 mètres par 3 sur les affiches publicitaires qui font de l'ombre aux beautés discrètes auxquelles il ne manque qu'un rayon de soleil pour être transcendées... Tiens c'est joli ce que je viens d'écrire...! Chuis un putain de poète, nom d'une pipe qui n'en est pas une (Magritte aurait pu choisir un autre objet quand même !)...

Bref, voilà donc ces pauvres filles qui ont toutes pris la même direction, à travers les mêmes fausses routes jonchées de leurres, en passant par les mêmes magasins de fringues (lesquels sont tous approvisionnés par le même fournisseur, celui qui a casqué pour la pub)... et au final, au lieu de ressembler à la fille de la pub pour Shalimar du dernier numéro de "Elle", elles ressemblent à leur voisine, le savent sans se l'avouer car le constat d'échec serait cuisant, et essayent tant bien que mal de se penser différentes. A ce stade-là, une fois qu'elles sont toutes semblables, réunies à des années-lumière de ce modèle inaccessible, que devient le désir mimétique ? Est-il dissout dans une réaction de masse ? Est-il amplifié ou relayé par un désir approchant ? Il y a évidemment une quête d'identité derrière tout ça... J'espère bien trouver la réponse chez René Girard parce qu'en ce qui me concerne, je n'ai aucun élément de réponse !

Sensibilisons les feignants de la lecture par ce joli duo Serj Tankian/Rita Mitsuko - "Terminal beauty"

Le petit plus : en contrepoint, on a ceux et celles qui se revendiquent "marginaux" et qui refusent de toutes leurs forces d'être identifiables aux modèles des medias. Eux, je les adore ! S'ils assument un sens du Beau très relatif (chacun ses goûts), je ne peux m'empêcher de jubiler en les voyant tous se différencier de la "norme" car ils le font tous... de la même façon et se ressemblent tous entre eux également, mais en ayant choisi un autre modèle ! Etre un marginal, comme les autres ! Mouahaha ! Ca, c'est vraiment jouissif !

Pour en terminer avec tous ces clones tristes et ces clowns ratés (ou l'inverse) qui encombrent mes rues et mon champ visuel qui a fini par les ignorer tellement ils/elles font partie d'un décor banal, je ne dirai qu'une chose (qui fera plaisir à certains lecteurs et en particulier à Myth') : "barrez-vous, cons de mimes !!!!"

Allez, je vous laisse, j'ai encore quelques séries d'abdos et de pompes à faire...



12/12/2008
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