ZE Blog inutile

Est-on mou si l'on n'est pas dur ?

Troublante question...

...n'est-il pas ? Et pourtant, rien de bien tordu là-derrière, pour une fois. Et rien de sexuel non plus, je vous vois venir bande de gens !

De quoi s'agit-il ici ? Tout simplement un petit constat qui, comme toujours, partant du plus insignifiant des "rien-du-tout" peut se muer dans ma tête de siphoné même pas congénital (mes parents vont très bien de ce côté-là, merci pour eux) en questionnement pour le moins absurde.

Le constat : je fréquente un forum sur lequel il est possible, dans une section dédiée à cela, de laisser libre cours à sa rage, sa colère, contre tout et n'importe quoi. L'éventail des récriminations en tout genre est vaste et peut aller de l'invective contre les pâtes qui ont crâmé au fond de la casserole (avec un E au milieu de casserole !) jusqu'au cri de désespoir contre le monde qui part en nouilles (justement) et les bagnoles qui crâment au fond de l'Acropole (sans E au milieu...). J'y laisse régulièrement ma contribution colorée et fleurie, généralement en ciblant les comportements débiles des gens les plus cons, catégorie dont je ne m'extrais pas nécessairement puisque j'ai souvent fait sauter la soupape de sûreté en me visant droit au coeur avec l'aplomb furieux d'un Maréchal Ney fustigeant la lenteur de son peloton d'exécution.

La semaine passée, je tombe sur ce sujet et je me prépare par réflexe à ouvrir une vanne et à lâcher la pression... Las ! L'angoisse de la page blanche entièrement contenue dans une zone de texte large comme un timbre-poste !

La porte ouverte, et aucun courant d'air !

Les cordes digitales (oui, je hurle par écrit, ça me permet de conserver de bonnes relations avec mes voisins) prêtes à rugir, et voilà que je me sens comme avec des moufles !

La machine dans les starting-blocks, mais la batterie à plat !

Rien !!!

Où sont ma hargne et mon courroux ? Je me mets alors à fouiller frénétiquement dans mes entrailles, tel un haruspice qui aurait avalé ses clés de bagnole par mégarde, à la recherche d'un sujet me permettant d'être brutalement vindicatif. Je DOIS poster une réponse, je le fais tout le temps ! Pourquoi ça ne vient pas ? Je cherche encore et encore, obstinément, avec le désir de sortir vainqueur contre moi-même et de me dire "hahaaaa, le Fred grognon t'a de nouveau terrassé !" Le combat est rude pendant de longues secondes durant lesquelles l'incertitude et la peur de cette nouvelle sensation de rare sérénité me font chanceler. Mais le Fred zen prend le dessus avec une double clé au bras vengeur.

Nom de Zeus, gréco-lutté-je, je n'en veux à rien ni à personne !!! Même pas à moi !!!

Le trouble dissipé, j'admets avoir profité (et profiter encore aujourd'hui) de larges instants de plénitude tranquille, d'assurance totale, de certitude que je peux gérer sans trembler le moindre soucis qui se présenterait. Pendant un temps, le monde est paix alors que la crise fait criser, que la Chine s'échine à être anti-française et que la France n'est pas franche avec la Chine... Rien à foutre, je vais bien, les gens que j'aime aussi, la période semble enfin faste : tout va bien !

Tout ? Non, car un village résiste encore et toujours à l'envahisseur serein. Et le puissant druide du village, Cervochaotix, fait germer la question vénéneuse : si je n'ai plus de haine, cela veut-il dire que je me ramollis ? Et ma belle volonté qui ne dit rien !!! Une conne de silence qui laisse à l'ennemi toutes les cartes en main (référence ultra pointue, désolé. Ceux qui savent peuvent se risquer à l'expliquer aux autres, moi je me sens pas) !

Le doute m'a quand même un peu tenaillé quelques heures, jusqu'à ce week-end. Vous savez, quand vous vous dites que tout va trop bien et que c'est louche, et que vous n'aimez "pas trop beaucoup ça" comme dit l'autre. J'ai rapidement mis un terme à ce bourgeon de résistance en m'auto-affirmant catégoriquement et sans forcer que je me sentais plus solide que jamais. Peur de rien. Craint degun ! On arrête les conneries, fin du problème ! Comme l'écrivit Sun-Tse il y a environ 23 siècles (à quelques mois près, j'ai pas le chiffre exact), "Pour le bon stratège, l'essentiel est dans la victoire, pas dans les opérations prolongées".

Autrement dit, je viens seulement de découvrir que oui, on peut ne ressentir aucune haine, on n'en est pas plus faible pour autant. Je sais, ça paraît évident. Mais à l'évidence, je ne me satisferai jamais d'une évidence, version actualisée de "tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien" (Socrate... ou Steevy Boulay, je sais plus )et de "le doute m'habite" (Jack Lang).

Je ne suis dur avec personne... en ce moment. Et pourtant j'aurais 1000 raisons ! Je crois avoir compris qu'il ne fallait pas confondre solidité et dureté. Le chemin est encombré d'obstacles mais le résultat, vu de l'intérieur en tout cas, est satisfaisant. On y ressens une forme de justice à la Job : après en avoir chié comme rarement, lutté et avancé, ne pas profiter de la plénitude acquise, même si on sait qu'elle ne sera pas éternelle, serait un affront à l'intelligence.

Je me connais, j'en suis tellement capable !



09/12/2008
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