ZE Blog inutile

Mobilis in Mobili

Résumé de l'intervention précédente :

Il y a peu, j'ai commis sur ce bloug un crime de lèse-Facebook. Aucune repentance, je vous rassure, mais des interrogations et une envie de rebondir sur le commentaire qui m'a été laissé. En gros, l'intervenant sympathique bien qu'anonyme m'a fait comprendre que je me la pétais et qu'il fallait que je foute la paix à ceux qui se complaisent dans l'abrutissement puisque c'était leur choix.

Honnêtement, je ne pense pas que je les dérange beaucoup vu qu'il y a moins de lecteurs sur mon blog que de vierges à une Bounga Bounga berlusconienne. Ensuite, plusieurs choses sont à mettre au point et à éclaircir afin d'éviter les malentendus dont, quoi qu'en pense mon commentateur, je fais plus cas que ce qu'on pense : l'intérêt, c'est d'être compris, sinon j'arrête de communiquer et je ferme définitivement ma gueule.

Tout d'abord, ce bloug est une autocritique car ma première cible, c'est moi-même. Trop conscient de mes lacunes, de mes faiblesses et de mes limites, j'écris essentiellement pour exorciser sur une page blanche ce que j'ai du mal à appliquer au quotidien. Mais on n'est pas là pour faire de la psychanalyse de bas étage...

Deuxième chose à laquelle je tiens, c'est la revendication de la possibilité de m'exprimer sur le net autrement que comme je le vois sur les réseaux, forums, blogs et autres. Il ne s'agit pas de faire de l'élitisme : j'ai horreur de l'élitisme. Mais le fait d'employer des mots de vocabulaire équipés de trois syllabes après la virgule ne fait pas d'un auteur un hautain : c'est un choix. Tous ceux qui s'expriment ont le choix : celui de faire l'effort d'utiliser un mot plutôt qu'un autre, un style plutôt qu'un autre... Les mots sont à tout le monde et personne n'a de droit dessus. Quand je vois avec quelle virulence péremptoire une majorité d'internautes s'en prend aux politiques, aux théoriciens, aux scientifiques, aux avocats, aux simples internautes qui ont un discours non radical et réfléchi, et à tout ce qui a fait un minimum d'études supérieures, le tout sans la moindre remise en question de soi, la plus simple possibilité de réponse, ni la plus petite ouverture au dialogue, je constate que le Net est dangereux : c'est la loi du plus nombreux, du plus compulsif et du plus sourd.

Pour résumer, sur Internet, il est autorisé, et même conseillé, de critiquer toute forme de pouvoir, d'insulter tout ce qui n'est pas "soi", de se constituer en groupes moutonneux pour tirer à boulets rouges sur des cibles exposées, et de décrédibiliser les gens qui parlent comme dans les livres (et qui, horreur, en écrivent !). Par contre, il est interdit de souligner le manque d'ouverture d'esprit, l'absence de réflexion et d'intelligence, la stupidité de la plupart des mouvements de foule, la complaisance dans la médiocrité...

Il est donc plus consensuel de taper sur ceux qui veulent élever le débat, qui suggèrent qu'on s'intéresse aussi à la partie immergée de la culture, celle qui n'est pas visible à la télé... C'est considéré comme du dédain ? Pourtant ce n'en est pas : c'est une supplique pour inciter les gens à mieux communiquer, à accepter l'existence de choses hors TV/Internet/milieux socio-pro cloisonné. Ca s'adresse autant au trader snobinard qui n'a même pas conscience de l'indélicatesse de son propos ultra-libéral qu'à l'étudiant en manifestologie compulsive qui bêle derrière la masse des agitateurs parce qu'on lui a dit qu'il fallait.

Je m'adresse ici à tout le monde et à moi le premier afin de ne pas oublier l'imperfection dont je suis constitué et que je tente d'améliorer un peu chaque jour. Vous pouvez considérer ce bloug comme un incessant travail sur moi-même. Donc oui, commentateur chéri, je me prends grave le chou avec mon cerveau tordu, mais c'est pour le bien de l'humanité... Hmm ? J'en fais trop, là ? Ok... si je dis que c'est juste pour me sentir moins con alors, ça passe mieux ?

Je vais conclure avec une référence susceptible d'un effet boomerang. Je trouve dommage que l'usage de tel ou tel lexique catalogue les gens et crée des oppositions, mais c'est inévitable, notamment sur Internet où sur la base d'un seul petit indice linguistique, on se retrouve rangé dans une case, généralement avec un violent dédain (ce que, malgré la remarque qui m'a été faite récemment ici-même, n'est jamais le cas sur ce bloug). Dans son ouvrage "Outsiders, sociologie de la déviance", le sociologue Howard Becker dépeint la catégorisation et l'exclusion des gens en fonction de leur langage et des vocabulaires spécifiques employés. Autrement dit, comment des groupes créent des normes linguistiques qui, si elles sont contrariées, poussent ces groupes a exclure, parfois brusquement ou dédaigneusement, les "déviants/contrevenants". C'est ce bouquin qui m'est revenu en mémoire lors de la critique de mon assaut contre Facebook, comme si le fait de trouver plus de points négatifs que positifs à ce rézosocial était anormal et qu'on me demande poliment de ne plus faire chier le Net avec mes prises de tête.

Ce que je trouve grave, c'est que mes articles dénonçant les concepts de liberté et d'égalité aient provoqué moins d'écho qu'une saillie contre Facebook alors qu'en les écrivant, j'espérais qu'on me réponde et qu'on m'aide à me faire une idée plus précise de ces concepts, je pensais qu'il y avait là un lieu de débat constructif... Visiblement, mon approche d'Internet est faussée, j'ai pas le bon mode d'emploi, je ne maitrise pas ce sociolecte, et il n'en résulte qu'un manque de compréhension chronique de ma part. Mais j'ai bon espoir car Internet a cette faculté d'être en mouvement perpétuel et se modifie un peu plus chaque jour.

Dans le bon sens ?


17/10/2011
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Face-biactol

Hé non, j'ai toujours pas de compte FaceBook...
 
...et c'est pas près de changer. Et j'avoue que concernant le point noir qui m'occupe... enfin, qui m'occupe, c'est un grand mot, parce que dans le fond, je m'en soucie autant qu'un employé de plateforme téléphonique délocalisée en Tunisie se soucie de votre problème de connexion internet. Disons que c'est un point que j'ai relevé...
Je reprends, je reformule : bien que n'ayant toujours pas de compte FB, et pas l'intention d'en avoir un avant législation dictatoriale, je me permets quand-même ce petit article car cela concerne aussi bien Youtube, Twitter et autres foutoirs d'avis exposés à la communauté. Il s'agit du fameux binôme virtuel d'appréciation "matérialisé", si j'ose dire, ("vectorisé" peut-être ?) par les boutons "J'aime"/"J'aime pas", ou pouce en l'air vert/pouce en bas rouge, comme aux Jeux du Cirque.
Cliquer sur "J'aime" ? Ok... ça ne mange pas de pain et ça permet aux annonceurs de cibler les pubs qui vous seront destinées (oui, vous n'avez jamais remarqué que la plupart des pubs sont personnalisées et correspondent au type de contenu des pages que vous visitez ? Surveillez les bandeaux sur vos boîtes mail et vos blogs, vous verrez...). La seule fonction de ce bouton est de flatter l'ego de l'internaute qui prend son pied en voyant un gros chiffre à côté de ce qu'il a posté... même pas créé, juste mis en ligne !
Cliquer sur "J'aime pas" ? Admettons... ça ne fournira qu'un avis négatif anonyme lancé dans le vide, sans possibilité d'argumenter ou d'ouvrir un quelconque débat d'opinions. Je trouve ça dommage.
On va m'objecter qu'il suffit de ne cliquer sur aucun des deux, mais en l'occurrence il s'agit de signifier l'insipidité des... messages ? infos ? anecdotes ? qui occupent la Toile, autant que le temps précieux que FB transforme en "temps de cerveau disponible" pour les pubs qui sont plus que jamais omniprésentes.
Si au moins on avait le bouton "Je m'en fous" ou "Mais ça n'a aucun intérêt, bordel !", on pourrait peut-être calmer l'activité compulsive du net qui, outre sa chronophagie, n'est pas constructive et pas divertissante. On va encore me dire "tu fais chier, le net c'est pas fait pour se prendre la tête !", ce à quoi je répondrai "se prendre la tête n'est pas incompatible avec le divertissement, pas plus que la déconne n'empêche la culture". C'est pas interdit de rigoler tout en se stimulant le cortex et en apprenant des choses. Le problème avec FB, Youtube et tout ce qui ressemble de près ou de loin à un catalogue-auberge espagnol - autrement dit constitué essentiellement de ce que les visiteurs eux-mêmes apportent - c'est leur fonctionnement dit "à tiroirs", c'est à dire que toute page est équipée de nombreux liens qui se renvoient les uns aux autres en fonction des thèmes consultés. Et je ne sais pas ce quelle fatalité entropique fait que, par exemple authentique, regarder une interview d'un type remarquable comme Albert Dupontel (les gens sans concession sont rares) offre en parallèle des liens vers des vidéos anti-sionistes, ou qu'une recherche sur Philippe Muray nous fasse aboutir en deux bandes à des "clashs" entre minables candidats de télé-réalité sur le plateau de Fogiel ou de Morandini... Il faut qu'on m'explique ce principe. Plus les internautes uploadent de "contenus", plus leur qualité se dégrade... Sans parler des réactions insultantes qui les accompagnent parfois et des commentaires navrants qui sont montés en série sur ces liens.
Abyssum abyssus invocat
 
Bref, je veux faire court. Ma requête est la suivante : soit les rézosociaux en tout genre suppriment les boutons d'appréciation (d'où le titre de cet article... faut bien justifier les jeux de mots laids), soit ils rajoutent un bouton au nom encore en gestation : "je m'en cogne de ton truc sans le moindre intérêt", "résilie ton abonnement internet !", "go get a real life"...
 
Bon, comme cet article (et tout le blog avec) est en passe d'être auto-cité comme exemple paradoxal des contenus sans intérêt, je décarre...

07/10/2011
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Les Odieux du Stade

Attention, lecture d'endurance !
 
J'aimerais pouvoir dire que je trouve les manifestations sportives conviviales, fédératrices, vecteurs de notions et de valeurs fraternelles. J'aimerais vraiment car en déambulant sur les trottoirs de ma ville encombrés des supporters qui encourageaient les coureurs de je ne sais plus quelle épreuve, je me suis senti en décalage, en retard ou en avance, mais pas synchro du tout avec eux, sur aucun plan.
Dans l'absolu, des gens qui font du sport, c'est louable. C'est même remarquable et je tiens à souligner que j'admire leurs performances physiques. Ce qui coince, c'est ce que les braves gens qui préfèrent imbiber de sueur des dossards colorés plutôt que les draps d'une couche accueillante appellent "l'esprit sacré du sport". Ces gens-là se gargarisent d'expressions toutes faites sur les valeurs de bien-être, d'épanouissement, de dépassement de soi... Certes, tout cela est vrai, mais tout cela a aussi ses limites. Et ce que j'ai vu, c'est justement le côté obscur de cette mentalité perfectionniste.
Florilège :
Exemple A : Agrippée au bras d'un CRS bienveillant (si, si), une vieille dame a tenté de traverser la rue partiellement occupée par le couloir de course de ces merveilleux sportifs. Mais marchant forcément moins vite que ce qu'ils courrent, l'un d'entre eux a été forcé de faire une demi-foulée et un écart de 50 cm pour l'éviter. Est-ce vraiment important ? Est-ce que cela remet en cause sa performance ou son chrono sachant que sur les 21km à parcourir cela ne représentait qu'une goutte de pipi dans 1000 litres d'EPO (ou le contraire) ? Est-ce que cela méritait donc l'insulte proprement scandaleuse lancée par l'hyper-protéiné au couple outrecuidant, mémère et poulet confondus !? J'ai posé la question à une athlète de mon entourage qui m'a répondu que "oui, c'est normal et que c'est une question de sécurité". Admettons que, exceptionnellement, on n'ait pas le DROIT d'aller faire son marché un dimanche matin à cause de 8000 acharnés de la chasse au gras... N'aurait-ce pas été plus humain de juste dire "attention madame, c'est dangereux !" plutôt que comme j'ai entendu alors, totalement estomaqué, "mais putain, restez pas dans le chemin bordel !". Ca pouvait même être accompagné d'un sourire... si ces gens-là ne se prenaient pas tant au sérieux.
Exemple B : Plus bas, j'arrive devant la sortie d'un parc de stationnement dont deux planctons étiquetés de l'organisation de l'événement contrôlent les entrées et sorties afin d'éviter que les automobilistes en quête de liberté routière n'écrasassent les djogueurs. Et rapidement, un homme tente une sortie au volant de sa Peugeot 207, immédiatement intercepté d'un coup d'une sorte de latte gonflable par le staff coloré. Et insulté au passage par les 2 ou 3 coureurs qui ont vu avec horreur un pare-choc s'approcher à moins de 10 mètres du tracé de leur transhumance. "Mêêêêrde !" ont-ils bêlé. Le vigile intercepteur, répondant à l'agacement du conducteur bloqué : "bah oui mais c'est comme ça pour tout le monde hein !" Et d'ajouter avec une certaine fierté dans la voix : "ce matin, j'ai même empêché un médecin de sortir, alors vous voyez, on est tous dans le même bateau." Même pas envie de commenter, et encore moins de partager le moindre esquif avec ce marin d'eau douce... Monamiesportive lui a étrangement donné raison aussi...
Exemple C : Une précision s'impose : la course empruntait deux rues fréquemment parcourues par les joggers du dimanche, ceux qui font ça par simple entretien de santé ou par bonne conscience. Malheur à ceux-ci si l'envie leur prenait de faire comme d'habitude ! Leur exercice physique a perdu toute valeur
aux yeux des "pros" qui les piétinaient, mieux entraînés et plus rapides.
Exemple D : De longues tables couvertes de centaines (sans exagérer du tout !) de verres d'eau, de coca et de sucres rapides étaient alignées sur une partie de la rue, et des membres du "staff sportif" s'affairaient à les tendre aux coureurs pour les remonter, chose absolument normale. A raison de 5 ou 6 personnes par table, il y en avait facilement une ou deux qui ne foutaient rien. Une coureuse amatrice (voir exemple C) légitimement fatiguée et suante après son effort perso empruntait le même trajet en trottinant encore de son mieux. Sans le moindre malice, elle a demandé d'un geste si elle pouvait avoir un verre d'eau... qui lui a été catégoriquement refusé ! La raison ? Grosso modo, c'était "t'as pas de dossard officiel, alors crève". Incroyable ! Et pire, Monamiesportive a cautionné ça sous prétexte qu'ils sont responsables des coureurs (en pleine forme eux, en comparaison !) et qu'elle pourrait s'écrouler de fatigue à ses pieds, il faudrait attendre qu'il n'y ait quasiment plus de djogueurs pour donner un verre d'eau ! Et les valeurs humaines du sacro-saint esprit sportif ? Mon oeil ! Cet esprit n'existe pas, sauf pour la communication.
Exemple E : L'occupation urbaine par les endurants en maillots moulants colorés est un événement imposé dont on peut s'accomoder tant bien que mal, surtout un dimanche où c'est pas bien grave si la circulation est fermée sur un quartier. Ca, c'est pas bien méchant. Corrélat indispensable, les supporters qui encouragent de leurs cris bestiaux le troupeau suant. Soit. On habite en ville, on fait avec quasiment tous les jours. Par contre, le stéréotype du jeune père épanoui, vêtu de pied en cap par Queschua, qui emmène ses trois têtes blondes regarder et soutenir maman qui court, agitant une cloche à vache (véridique !!! au moins il sait à qui il s'adresse) et poussant des "allez ! allez ! allez !" au passage du bétail, comme pour le guider vers l'enclos, lui il m'a insupporté, mais c'est totalement subjectif. Et pire ! Il laissait son plus jeune rejeton, 4 ans au collet, actionner sans relâche ces espèces de clairons reliés à des bouteilles de gaz sous pression et qui vous balancent du 300 décibels dans les étagères. Et ça, sous mes fenêtres, pendant une heure avec la migraine, c'est ce qui m'a poussé dehors et m'a permis d'assister aux exemples sus-cités. Ma requête de silence au paternel a été accueillie avec un sourire d'incompréhension : "ça fait partie de la fête, mais bon, je comprends et je vais lui dire d'arrêter... Ah, vous avez de la chance d'habiter ici !" Et il a eu de la chance d'être toujours vivant après cette remarque.
Mais l'esprit du sport, c'est quoi ? Un lecteur sportif saurait-il m'expliquer en quoi ma perception de la chose est totalement déplacée et ne s'assimile qu'à un ronchonnage de petit vieux du Muppet Show (dixit Monamiesportive). Qu'est-ce que je n'ai pas compris dans ce type de manifestation durant laquelle une minorité s'impose brusquement, avec arrogance et insultes, à une majorité qui pense passer un dimanche tranquille ? Je suis ouvert d'esprit et prêt à accepter de ne pas comprendre... du moment que les concernés admettent que les valeurs fraternelles et joyeuses dont ils s'ennorgueillissent ne sont destinées qu'à leur corporation.
Une dernière chose : ces manifestations sont systématiquement relayés dans les médias avec ferveur et enthousiasme, comme si l'évidence était que tout le monde aime ça. La parole est-elle donnée à la majorité silencieuse et otage de l'événement sportif ?
 
Dommage que dans cette histoire, je n'ai rien vu d'Exemple R.
 

28/09/2011
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La mienne est plus grosse que la tienne

Bonne accroche ça, non ?... Sauf que...
 
...ça ne parle pas de taille de voiture, de maison, ou d'une quelconque turgescence organique. Non, une fois de plus je m'installe dans le registre de la prise de tête avec le même confort qu'une legionella pneumophilia dans la clim d'un service de réanimation. Cette fois, il s'agit de modestie.
 
Après des années d'étude, d'observation et de pratique, je crois que peu de sujets s'offrent autant au paradoxe. En effet, pour citer - avec des gants et du rouge aux joues - Philippe Bouvard (oui, à moi aussi ça me fait drôle de le voir là), "la modestie est, par définition, le seul sentiment qui cesse d'exister à l'instant où on commence à l'évoquer". On l'appelle aussi "orgueil déguisé". Et il faut avouer que rien n'est plus irritant que la fausse modestie flagrante, la perche tendue pour se faire complimenter... Pour en avoir usé trop longtemps, je pense savoir de quoi je cause. Ayant eu - à une époque révolue - une injustifiable fierté de moi-même alliée au besoin de me la faire confirmer par mes contemporains, j'ai certainement dû être un vrai jeune con et je ne m'en excuse pas car 100% de mon entourage en faisait autant.
 
Les épreuves, et certaines particulièrement pénibles, peuvent sérieusement ébranler l'édifice, comme on dit dans les familles nombreuses vouées à l'inceste*. Bouffie de cicatrices invisibles, la modestie peut devenir, enfin, authentique. Il suffit qu'elle soit en résonnance parfaite avec la vraie estime qu'on a de soi et de sa place dans le monde. Cela diffère de l'humilité car, à mon sens, cette dernière fouette la myrrhe, l'encens, et le comptage de points pour Saint-Pierre, autrement dit, elle est réservée à ceux qui comptent là-dessus pour s'assurer un strapontin céleste. La vraie modestie, c'est celle qui ne s'énonce pas, celle qui ne se voit que de l'extérieur par ceux qui ont le regard pertinent et attentif. On ne peut pas en parler lorsqu'il s'agit de soi. J'ai envie de dire "moi-même j'ai du mal", ce qui est vrai mais qui me mettrait dans la situation inconfotable du paradoxe pré-cité. Reconnaître cette qualité chez autrui est déjà plus aisé.
 
Comment définir cette modestie authentique et sincère ? Difficile. C'est comme pour les cons : ça ne se définit pas, il faut des exemples.**
Pour moi - avec toute l'incertitude que cette subjectivité implique - il y a deux types de "vrais" modestes. D'une part ceux qui le sont par nature et qui manquent d'ambition. D'autre part ceux qui parviennent à concilier une énergie constructrice tout en gardant les pieds sur terre en ce qui les concerne humainement parlant. Ces derniers, mais ça n'engage que moi, sont les seuls "vrais hommes" (ou femmes, faites pas chier, c'est pas le sujet et je généralise, comme tout le monde, avec le genre masculin). Je ne vois pas mieux, pour illustrer ce propos, que de citer un film injustement négligé par une certaine intelligencia cultura définitivement antinomique, "mon nom est Personne" dans lequel le héros ne porte pas de nom afin de laisser retomber le mérite de ses exploits sur d'autres. Le dialogue suivant correspond pour moi au plus bel exemple de modestie car seul Henri Fonda - et peut-être le spectateur s'il a un peu de jugeotte - perçoit que sans le savoir (ou pas ?), Personne parle aussi de lui-même :
"- Ce que je ne vois pas encore dans tout ça c'est, qu'est ce que cela peut bien te foutre ?
- Un homme, un vrai doit croire en quelque chose.
- Dans ma vie j'ai rencontré toute sorte de gens : escrocs, assassins, prêtres plus ou moins défroqués, putains, maquereaux, receleurs, même parfois quelques types réguliers. Mais un homme qui soit un homme, jamais.
- C'est de ceux la dont je parle ; on ne les rencontre jamais, mais ce sont les seuls valables.
"
 
La difficulté, avec la modestie, c'est lorsqu'on en parle entre amis. Certains assument un minimum de mégalomanie, voire d'égocentrisme, mais mettre face à face deux modestes qui abordent le sujet peut être intéressant et hautement paradoxal. Soit chacun reconnaît à l'autre une plus grande modestie, ce qui les replace aussitôt en pôle position - "tu es plus modeste que moi, je m'incline..." -, soit la dose de mégalomanie que chacun a en soi est encore bien prégnante et on force le trait sur les aspects les moins prétentieux de sa personne - "je suis sûr que la nature t'a mieux équipé que moi, donc ma modestie est plus grosse que la tienne !"***.
Je sais, j'aurais pu limiter cet article à ce dernier paragraphe, mais j'avais envie d'écrire et c'est parti tout seul...
 
Je tiens à terminer avec quelque chose qui me tient à coeur et que ne comprendront que les plus fins lettrés, c'est dire en quelle estime je te tiens, cher lecteur : la modestie que je préfère, c'est celle qui masque la naissance de la félicité douce et galbée...
 
 
 
* une explication honteuse de cette vanne est disponible sur simple demande avec une enveloppe timbrée.
** la paternité de cette saillie brillante revient à Michel Audiard qui, lui, a poussé Dieu sur un strapontin afin de remettre les choses à leurs places.
*** il fallait bien justifier ce titre. Après tout, ce délire est parti d'une situation réelle semblable...

09/09/2011
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Faire taire le silence

Déjà vaguement évoqué dans l'article précédent...

...le thème du silence m'est parmi les plus chers. Bien qu'ayant déjà, en d'autres lieux, fustigé la Fête de la Musique dernièrement, j'éprouve le besoin de m'exprimer à ce sujet ici aussi. Avec un mois de retard, et alors !?

A toutes fins utiles, je pose une précision tout de suite : j'aime la musique. Ce que je n'aime pas, c'est la structure qu'on lui offre sur un plateau public et qu'on impose par là même à environ 100% de la population. Tous ne sont pas mélomanes, mais les organisateurs de cette foire sonore n'en ont rien à secouer. Et même s'ils étaient tous mélomanes, aucune chance pour que tous apprécient le même style de musique. Mais peu importe, c'est la Sacro-Sainte Journée du Boucan, donc les réfractaires aux poum-tchaks binaires et aux 5/4 involontairement dissonnants sont priés de fermer leurs fenêtres et leurs gueules... Des heures durant, des zikos très amateurs assaillent les tympans des riverains comme des révolutionnaires s'en prenaient à ceux des églises (pour ceux qui ne pigeraient pas cette phrase, une brève recherche en architecture religieuse devrait vous éclairer). En plus, les balances sont généralement mal faites et, par un effet de mode déplorable, les basses sont systématiquement amplifiées afin de faire plus de volume sonore, et fuck les nuances.

Ca fait vibrer les vitres...

Bien entendu, la justification théoriquement culturelle de cette manifestation (rendant celle-ci politicorrectement inattaquable) n'est qu'un prétexte pour imposer un air de fête au moindre bourg, à la moindre ruelle, et ce sans se soucier de ceux qui auraient besoin de silence, pour diverses raisons (physiologiques, psychologiques, culturelles mais d'une autre culture...). Quoi de plus pathétique qu'une fille qui pleure dans un escalier envahi de rythmes harrassants parce que son mec l'a lourdée ce soir là ? Quoi de plus déplacé que les beats graves sourdant à travers les murs d'une chambre où on veille un mort ? Il est où le respect de l'autre quand on empêche un recueillement pour des raisons de teuf massive légitimée par quelques politicards démagos et consensuels ? Le plus triste là-dedans, c'est que quelqu'un qui aura besoin de silence sera hué et conspué si par malheur il réclame ce dernier. Le silence est traqué, chassé dans les moindres recoins, et il devient honteux de le revendiquer. Le sens de la fête a définitivement anéanti le sens de son prochain. Philippe Muray en parle tellement mieux, et avec une verve terrible ! Anarchiste de droite dont la lecture m'a été conseillée par un gauchiste asocial (si tu me lis, toi qui es concerné, je te caricature un peu, c'est juste un effet de style), c'est pour dire l'intensité du truc !

Si on demande d'arrêter le boucan, on sera prié de ne pas faire chier parce que c'est culturel et fédérateur. Culturel ? Mon cul ! Des covers toutes pourries de standards de la pop qu'on entend déjà en boucle sur les ondes consensuelles. Fédérateur ? Et ta soeur ? Si les mouches sont attirées par la merde, de nombreuses espèces préfèreront des substances plus douces et plus subtiles.

En fait, la société actuelle méprise le silence, même si celui-ci est demandé par une majorité. Imaginez une seconde qu'on crée la Fête du Silence ? La Journée sans Bruit ? Imposer le silence est juste mission impossible car trop de voix s'élèveraient contre cet "évident manquement à la liberté d'expression". Bande de nazes, les mimes et les muets, ils s'expriment comment ? En tapant sur des congas ?  Le silence est culturellement en inadéquation avec le monde danslequel on vit, et tenter de l'imposer aux "bruyants" comme ceux-ci imposent leur musique aux adeptes de la paix sonore est inenvisageable.

Je pense que les gens aujourd'hui ont peur du silence comme ils ont peur du noir. C'est la réflexion que je me suis lancée il y a quelques temps dans un train entre Genève et Lyon, en passant dans un tunnel plutôt long alors que l'éclairage du wagon dans lequel je me trouvais ne marchait pas. Nous étions donc plongés dans le noir, et j'ai aussitôt entendu un léger brouhaha, des rires nerveux ridicules, et autres sons humains que je ne pensais entendre qu'au cours d'un 4'33" de John Cage. Je me suis dit que les gens supportaient mal le silence, que ça les mettait mal à l'aise, comme des gosses qui ont peur du noir. Alors ils comblent ce qu'ils croient être du vide en faisant du bruit...

 

Chut...!


23/07/2011
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